Le cheval de Troie
Un livre d'Alain Mathieu
Edité aux éditions ABM
Références :
ISBN : 2-35152-034-3
EAN : 9782351520345
Ce livre est en vente en librairies ou en ligne, sur le site des Editions ABM.
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Résumé du livre
Pascal est un passionné de vol acrobatique et… de pêche au gros. Thierry un informaticien teigneux mais plus que doué. Christian mène une vie aventureuse dans le monde des affaires.
Ils se retrouvent lors du grand meeting aérien se déroulant à Inverness, sur les bords du Loch Ness. Le pub du petit village d'Inverfarigaig devient le point névralgique d'une énigme aux rouages obscurs et aux conséquences mortelles lors de l'arrivée d'une inconnue, sauvée de justesse de la noyade.
La disparition de Thierry laisse croire à sa mort mais, tel le brouillard qui flotte sur le Loch, ne s'agit-il pas plutôt d'un écran de fumée masquant une incroyable machination ? Plongées en eaux profondes et cascades aéronautiques s'enchaînent à un rythme effréné dans une suite de rebondissements laissant un lecteur haletant qui devra faire preuve de beaucoup de volonté pour reposer cet ouvrage avant son dénouement...
Les premières pages
Vendredi 26 mai 2006
6 heures 17
Lac du Loch Ness
Les rives de l'immense lac n'étaient maintenant plus visibles, enveloppées dans la froide brume matinale. Nous avancions depuis l'aube, lentement, veillant à ne jamais frapper l'eau avec les rames afin de limiter les bruits. Ma vieille boussole, posée devant moi sur le banc central, nous servait de compas. Naviguant nord, nord-est, nous remontions le Loch Ness depuis plus d’une heure. Pour trouver le haut fond, j’aurais préféré utiliser le GPS de Pascal mais il avait trouvé que c’était manquer de fair-play vis à vis de notre adversaire. Il n’avait pas non plus voulu embarquer de sonar.
Privée de tout matériel électronique, la barque semblait surgir d'une autre époque. En chêne massif, longue de six mètres, elle avait porté plusieurs générations de pêcheurs. Ses formes allaient à la rencontre de l’eau, dans une communion discrète et silencieuse, comme si le lac reconnaissait son travail, les années de polissage sur le bois, depuis le temps qu’il la sentait creuser en lui son éphémère ride, dans la noirceur de son eau, champ de bataille où s’affrontaient les hommes et les brochets.
*
Sur le banc arrière, Pascal cessa de ramer et rangea lentement ses avirons au fond de l'embarcation.
- Il est là, quelque part en dessous…
Petite phrase qu’il chuchota par dessus son épaule et qui me gela les os. Un frisson glacial parcourut mon dos. Je détestais les frayeurs gratuites mais, dans ce clair-obscur, ce brouillard à couper au couteau, assis au ras de cette eau lugubrement calme, je ne pus m’empêcher d’imaginer la gueule de Nessie crevant la surface, dégoulinante de flotte et de bave et nous fonçant dessus ! Même mille fois démenties, les légendes ont la vie dure. Une fois racontées au coin d’un feu ou à la table d’un pub, elles se gravent dans l’esprit et n’en sortent plus. Celle de Nessie était colportée tous les soirs, dans tous les pubs qui entouraient le Loch et ce, depuis des siècles. Impossible d’y échapper. Je sentis les poils de mes avant-bras se dresser.
L'eau était grise, presque noire. La luminosité n'était pas encore celle du plein jour et le brouillard rendait la ligne d'horizon indiscernable. Air et eau donnaient l'illusion de se mêler dans des halos diffus, irréels. La barque ralentit doucement, vira comme une toupie en fin de course, et s’immobilisa. Arrêt net, à peine perceptible, semblant dire : c’est ici. L'ambiance qui régnait à l’aube de cette matinée froide de mai aurait sans doute inspiré Sir Arthur Conan Doyle.
Quelque part en dessous, tout proche...
Comme beaucoup de prédateurs, le brochet est très paresseux. Tapi au fond de son trou, il peut jeûner une semaine entière. Mais dès qu'il en sort, à la première crampe d’estomac, le carnage commence. A une vitesse fulgurante, il happe tout ce qui se présente à portée de gueule : poissons, grenouilles, rats et même oiseaux.
Passé une certaine taille, il ne vit plus en groupe car il dévore ses plus petits congénères. Isolé comme un ours dans sa tanière, un gros brochet vit en autarcie. Un no man's land entoure son repaire...
Les plus gros brochets pêchés sont des poissons d'un mètre quarante pour un poids dépassant les quatre-vingts livres. Les rares pêcheurs ayant eu le privilège d’en découdre avec de tels monstres relatent leur bataille, jamais gagnée d’avance, comme une fresque épique de plusieurs heures.
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